Santé et RH : quand le croisement d’indicateurs est au cœur de la stratégie d’amélioration des conditions de travail

Publié le 28/01/2014

Malgré les investissements humains et matériels consentis depuis plusieurs années, cette entreprise agro-alimentaire connaît un nombre d’accidents du travail élevé et constant sur une longue période. L’entreprise s’interroge alors sur les leviers qu’elle pourrait encore mobiliser pour concilier conditions optimales de travail et promotion de la santé/sécurité des salariés.

Informations sur le cas

PME (50 à <250)
Industrie

Présentation

L’entreprise est installée de longue date sur le territoire et son activité consiste en la transformation de produits agricoles. Elle dispose d’une implantation territoriale multi-sites mettant en lien avec des exploitations agricoles, des activités de transformation et de commercialisation des produits fabriqués. La production concentre l’essentiel des effectifs.
Le travail est marqué par la saisonnalité. La performance économique de l’entreprise se joue sur une courte période de l’année. Ces contingences induisent des rythmes de travail différents selon la périodicité et un recours important à du personnel temporaire pour assurer l’ajustement des effectifs aux nécessités de production.

Demande de l'entreprise

Fort du constat d’un nombre important d’accidents du travail parfois graves, la direction s’est donnée pour objectif d’en réduire le nombre de façon très significative et d’agir sur le comportement des opérateurs a priori en cause, selon elle, dans la survenance de ces accidents. En effet, le nombre d’accidents ne semble pas diminuer malgré les initiatives prises par l’entreprise en termes d’investissements matériels, de dispositions en matière d’organisation et de prise en charge des mesures de prévention des risques professionnels.
L’outillage ainsi développé (analyse par l’arbre des causes, compte rendu des accidents, préconisations, accord d’intéressement, affichage du nombre d’accidents par mois…) semble trouver ses limites au regard de la persistance de ces accidents. L'entreprise sollicite l’Aract Guadeloupe pour disposer d’un regard extérieur.

Démarche

Avant de nous pencher sur les accidents de travail proprement dits, nous avons souhaité mettre en lumière le système d’action présent dans l’entreprise en matière de prévention des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail de façon plus large.
Tenant compte du nombre important de données disponibles et de l’importance des éléments de représentation véhiculés dans l’entreprise au sujet des causes présumées des accidents, nous avons privilégié une approche qui tend à la fois à objectiver les éléments d’analyse (quels indicateurs sont produits, par qui ? quels usages sont privilégiés ?) et en même temps à questionner les représentations dominantes dans l’entreprise.
En procédant ainsi, nous avons abordé les différentes problématiques soulevées par l’entreprise sous l’angle d’un accompagnement visant à mettre en exergue les éléments structurels d’ordre organisationnel susceptibles d’expliquer l’accidentologie.

Les principaux leviers suivants ont été actés par le comité de pilotage :

• Poser les fondations d’une politique structurée de santé au travail:
- Analyse approfondie du phénomène de concentration des accidentés récurrents
- Des améliorations à apporter à l’environnement physique de travail
- Rechercher une meilleure coordination entre les nombreux acteurs internes et externes
- Une réflexion est nécessaire sur les données et leur usage (de la collecte à l’analyse / des finalités poursuivies, actions à conduire): acteurs/rôles/moyens
- Mettre en lien l’ensemble des dispositifs présents dans l’entreprise (RH, santé, sécurité). Les nombreux accords existants peuvent être mieux éclairés à la lumière de ces analyses (quelle actions conduire envers les seniors ? comment prévenir la pénibilité et l’usure professionnelle ? comment améliorer le plan d’actions issu de l’élaboration du document unique de prévention des risques?...).
- Le traitement statistique fait ressortir des enjeux portant sur les publics et périodes d’activité
- Poser des hypothèses de travail
- Nourrir le dialogue social (avec les suites du diagnostic Aract, l’enrichissement des thématiques de discussion, l’amélioration des supports produits, le rééquilibrage des données qualitatives par rapport au quantitatif prépondérant).

Bilan

Les axes de progrès détaillés ci-dessus s’inscrivent dans une perspective décloisonnée des politiques de prévention et de management des ressources humaines.