L'amélioration des conditions de travail, un grand défi quand on s'occupe des petits

Publié le 26/11/2012

Une crèche associative décide d’entreprendre une démarche d’accompagnement opérationnel à la prise en compte du risque professionnel et à ses impacts dans l’activité. En examinant le contexte organisationnel et les caractéristiques des salariés, nous avons proposé d’élargir la démarche sous l’angle global de l’amélioration des conditions de travail. En conséquence, les aspects tant physiques qu’organisationnels ont pu être étudiés, nous permettant d’arriver à un plan d’actions opérationnel et c’est ainsi qu’autour de l’usure professionnelle, trois axes de travail ont pu être investis.

Informations sur le cas

PE (20 à <50)
Services non marchands

Présentation

La crèche accueille des enfants de zéro à quatre ans dans le cadre d’une mission de garde et d’éveil éducatif assurée par des professionnels de la petite enfance. Elle a pour principaux financeurs la Caisse d’Allocations Familiales et la ville. Ces dernières années l’établissement a connu bon nombre de mutations importantes, telles que le renouvellement du management, la mise en application d’une nouvelle convention collective ou encore l’instauration de la PSU (prestation de service unique) venant impacter fortement les activités et l’organisation de la crèche. Il paraissait donc essentiel pour la direction de réaliser un état des lieux des conditions de travail afin de mesurer l’impact de ces changements sur le personnel.

Demande de l'entreprise

La demande initialement formulée par la Direction prend racine dans le sentiment d’avoir besoin d’un regard externe sur le fonctionnement de l’établissement, notamment suite aux différents changements qu’elle a connus en peu de temps, avec un regard appuyé sur le risque professionnel.
L’ARACT Guadeloupe ainsi sollicitée a dans un premier temps rencontré les deux parties (direction et salariés) afin de déterminer les enjeux de cette intervention. Il ressort de ces premiers échanges tout d’abord la confirmation du besoin d’appréhender la question du risque professionnel ; émergera aussi la nécessité de s’intéresser aux aspects organisationnels et managériaux afin de comprendre les problématiques de la structure dans leur globalité. Il a donc été décidé de procéder à un diagnostic global des conditions de travail.

Démarche

La démarche de l’ARACT s’est principalement articulée autour de l’observation des situations de travail, les entretiens semi-directifs, de l’analyse documentaire et l’animation de comités de pilotage.
Les premiers éléments relevés à partir de l’analyse documentaire mettent en exergue deux points essentiels : une moyenne d’âge élevée 45,4 ans et une ancienneté tout aussi importante, plus de 16 ans d’ancienneté pour 50% du personnel ; la moyenne d’âge élevée nous laissant penser que la politique de recrutement ne vise pas nécessairement le rajeunissement de l’effectif. Ces caractéristiques ainsi relevées nous ont amené à nous interroger sur deux aspects des conditions de travail au sein de la crèche : la gestion des ressources humaines et l’usure professionnelle, notamment au regard des caractéristiques du métier exercé. Cette interrogation quant à la gestion des effectifs pose en parallèle celle de la gestion, du développement des compétences et de la place du parcours professionnel ; mais aussi celle de la motivation et de l’engagement. Pour entrevoir s’il pouvait exister des phénomènes d’usure professionnelle au sein de la crèche nous nous sommes penchés sur l’état de santé des salariés et sur ses éventuelles altérations. Nous avons pu relever quelques indicateurs nous amenant à entrevoir des phénomènes d’usure au sein de l’établissement : congé sabbatique, incapacités, et invalidité.

Des observations ont été menées afin d’appréhender la question de la pénibilité physique du métier et notamment d’en identifier les facteurs. Il en ressort principalement des postures pénibles liées aux activités de travail et/ou à l’adéquation des facteurs physiques à l’accomplissement de gestes professionnels courantes de la petite enfance. Il convenait également de revisiter l’organisation des postes de travail engendrant des fortes sollicitations des articulations pour les opérateurs.

Lors des entretiens semi-directifs des tensions liées au collectif de travail ont été exprimées, provenant pour les personnes interrogées de deux choses : • les retards et absences, qui entrainent de la fatigue et de fait des tensions pour le personnel présent, • le sentiment d’un cloisonnement entre les sections, qui renvoie au besoin de coopération et de complémentarité entre les profils.

Le diagnostic ainsi mené nous a conduit à nous orienter sur la thématique principale de la «prévention de l’usure professionnelle» regroupant les différentes tensions exprimées. Cette thématique a ainsi été validée par le Comité de Pilotage (COPIL) comme étant le levier d’action opérationnel, permettant d’améliorer la santé des salariés et la performance de la crèche. Autour de cette notion nous avons pu travailler des pistes de solutions opérationnelles.

Bilan

À travers le diagnostic et la méthodologie déployée, nous avons pu faire ressortir les principaux facteurs de tensions présents au sein de la structure :
- la pénibilité physique inhérente au métier de la petite enfance, amplifiée par l’organisation matérielle du travail,
- des tensions dans le collectif causées principalement par des phénomènes d’absentéisme et de retard, et venant impacter la fatigue et l’usure du personnel présent.

En affinant notre réflexion et en la confrontant à l’étude documentaire, nous avons pu les regrouper sous l’axe principal de l’usure professionnelle. Le choix de cet axe de travail nous permettant de traiter ces deux tensions. En effet, les objectifs liés à cette thématique étant d’une part, la prévention des ruptures physiques ou psychiques agissant ainsi sur la désinsertion professionnelle, et d’autre part, sur le maintien d’une motivation au travail.

Ces objectifs ont donc été déclinés en trois domaines d’actions que sont : l’organisation du travail, les parcours professionnels et la collaboration. À partir de ces domaines d’actions, des pistes de solutions techniques et organisationnelles ont été prises et actées dans un plan d’actions visant la prévention de l’usure professionnelle.